lundi 14 janvier 2008

Lettre ouverte d’Elodie Pontié, employée de maison, au Président de la République

Mugron, le 8 janvier 2008

Monsieur le Président,

Je suis employée de maison, chez M. Emile Jappi, l’ancien ministre des finances, actuellement en Chine où il prépare la vente en série de ses fameuses « Lunettes à Frédéric ».

Je prends la liberté de vous écrire, car j’ai sur mes collègues salariés l’avantage d’avoir reçu de M. Emile, comme cadeau de départ, un des premiers exemplaires de cette invention géniale qui permet de « voir ce qui ne se voit pas ».

Responsable de l’UMP de Mugron et présidente de votre comité de soutien dans notre canton, j’avais mis un grand espoir dans votre élection. Elle allait permettre à notre malheureux et beau pays de retrouver le chemin de la croissance et de sortir de sa déprime.

Hélas, comme tout le monde, j’ai du constater que la seule « relance » économique visible, ce sont les ventes de Gala et de Paris-Match, où vous avez bien fait de remplacer Lady Di et Stéphanie de Monaco qui commençaient à faire vieilles peaux dans les salons de coiffures et les salles d’attente des dentistes.

Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi votre intelligence, votre courage, votre ténacité et votre travail ne semblaient déboucher sur rien.

J’ai eu une petite lueur d’explication, à la messe de dimanche dernier à Mugron : notre vieux curé nous commentait une phrase de saint Augustin :

« il vaut mieux claudiquer sur le bon chemin que de galoper sur le mauvais ».

Alors je me suis dit :

« et si notre Nicolas (pardonnez la familiarité, M. le Président, mais je vous aime bien !), donc si notre Nicolas qui galope si fort était parti sur le « mauvais chemin » ? Si c’était pour faire une mauvaise politique qu’il montre tous ces talents ?... »

Hier soir dans mon lit, pour en avoir le cœur net, j’ai rechaussé les « Lunettes à Frédéric » pour lire dans Sud Ouest le compte-rendu de votre conférence de Presse. Je suis en ce moment plongée dans l’histoire de la grande Catherine par Henri Troyat : elle est sur ma table de nuit, j’en lis quelques pages chaque soir avant de m’endormir. La veille, je m’étais bien amusée au récit des visites que le Prince Potemkine, son fameux amant, lui faisait faire de faux villages où les maisons n’étaient que des façades.

Avec ces diables de « Lunettes », on peut s’attendre à tout : mais j’ai quand même été surprise de vous voir habillé comme le Prince, dans la rue du Faubourg Saint Honoré transformée en un décor de guignol. Entre la place Beauvau et la rue Royale, les hôtels particuliers avaient disparu : à la place, cinq affiches géantes sur des grands panneaux en carton pâte et derrière les panneaux, on voyait qu’il n’y avait … rien.

Et sur chaque affiche, chacune de vos lois de « rupture » :

- L’aménagement du temps de travail et les 35 heures,

- La réforme des régimes spéciaux,

- L’autonomie des Universités,

- La suppression de la carte scolaire,

- L’instauration d’un Service Minimum.

Et vous, vous marchiez avec cinq curieux personnages tous pareils, des sortes de fantômes à casquettes et sur les casquettes on pouvait lire :

« Interlocuteur représentatif : Chérèque-CFDT ;

Interlocuteur représentatif : Thibault-CGT ;

Interlocuteur représentatif : Mailly-FO ;

Interlocuteur représentatif : Van Craynest-CGC ;

Interlocuteur représentatif : Voisin-CFTC ».

Et vous, vous ne voyiez pas le dossard que chacun portait et où il y avait marqué :

« Chut, ne lui dîtes pas que nous ne « représentons » personne. Il ne doit pas le savoir».

Vous les rassuriez, vous les invitiez à passer derrière les affiches pour leur montrer qu’il n’y avait rien, rien à cacher, ni rien à craindre. Vous leur promettiez qu’à la place du vide, on ne mettrait des choses qu’après avoir négocié et qu’on ne négocierait qu’avec eux seulement.

Fatiguée de cette vision qui me troublait et me donnait mal à la tête, je retirai les « Lunettes » et repris ma lecture intégrale du compte-rendu de votre conférence de presse.

Le journaliste qui la commentait faisait remarquer votre silence sur le thème du « pouvoir d’achat des français» - un sujet qui, jusqu’alors semblait tellement important pour vous.

Vous aviez justement déclaré, il y a quelques jours, à l’occasion des vœux que ce serait l’axe de votre action en 2008 : vous êtes même en train de faire voter une loi là-dessus. Enfin, à la veille même de votre conférence de presse, le Secrétaire Général de votre parti l’invitait à se mobiliser sur ce qui devait être le grand projet de votre présidence dans les années à venir.

Hélas, je ne pouvais qu’être d’accord avec ce journaliste.

Bien sûr, comme je ne suis pas aussi malveillante que lui, j’ai essayé de trouver une explication, une justification à cette volte-face si brutale.

J’ai cru que vos conseillers vous avaient convaincu qu’à votre place, vous ne pouviez rien faire dans ce domaine. Alors, je me suis replongée dans le livre de M. Emile pour y chercher des solutions qu’on pourrait appliquer rapidement.

Alors, M. le Président, la fervente militante UMP que je suis est heureuse, de pouvoir vous indiquer trois mesures qui pourront vous satisfaire en contribuant au succès de votre politique :

1. ma cousine, Emilie Mercié, habite La Cure dans le Jura. Comme moi, elle est femme de ménage, mais c’est chez Francis Sol. Pour échapper à l’ISF, cet ancien patron des cosmétiques s’est réfugié à Saint Cergue, en Suisse, de l’autre côté de la frontière. Emilie a le statut de « travailleuse frontalière » : elle peut donc s’assurer en choisissant parmi les 2000 caisses maladie privées qui, en Suisse, se font concurrence.

J’ai été passer Noël chez elle et nous avons comparé nos feuilles de paie. C’était d’autant plus facile que nous gagnions la même chose : 1900 €/mois (soit, pour moi, 1035 € net), que nous avons le même âge et le même niveau de couverture.

Assurer le risque maladie coûte en France 300 €/mois, contre 100 en Suisse.

M. le Président, dans l’Europe d’aujourd’hui, nous sommes tous des travailleurs frontaliers : alors autorisez nous à nous assurer où nous voulons ! Et les SMICARDS comme moi auront tout de suite une augmentation de pouvoir d’achat de 20% !

2. Quand j’ai été faire mon plein d’essence au Centre Leclerc de Dax, j’avais remis les « Lunettes à Frédéric ». Ce sont des lunettes qui changent ce qu’on voit, puisqu’elles sont faites pour montrer ce qu’on ne voit pas : alors, dans un premier temps, j’ai cru que je m’étais trompé d’enseigne : je ne reconnaissais pas le logo du célèbre « épicier ». A sa place, on voyait un bras armé d’une massue, avec écrit en gros caractères, l’inscription « PPTP » et, en petit, l’explication : « Poste de Prélèvement de Taxe Pétrolière ».

Pour obtenir un plein de 50 litres, j’ai dû payer 40 €.

Un rapide calcul, M. le Président : 2 pleins par mois sur 12 mois représentent 960 €, soit 8% de mon salaire annuel.

M. le Président, diminuez de moitié vos taxes sur le carburant et notre pouvoir d’achat augmentera d’un coup de 4%.

3. Vous ne cessez de le répéter, il ne peut y avoir d’enrichissement collectif et individuel sans création massive de richesse. Comment y parvenir alors que ceux qui vivent du travail des autres veulent toujours leur imposer les 35 heures ?

J’ai repris les « Lunettes à Frédéric» et je vous ai vu de nouveau dans l’Empire du Prince Potemkine. Cette fois-ci, derrière les façades en carton pâte, j’ai vu circuler les Parisiens et les Parisiennes. Ils se dépêchaient d’aller travailler. Ils étaient courbés vers le sol. Ils avaient des chaînes aux chevilles et sur leurs épaules ils portaient des sacs remplis de cailloux.

Et sous l’image on pouvait lire :

chaînes = lois, règlements, directives et normes,

cailloux = impôts, taxes et « cotisations ».

Alors surtout, M. le Président, conservez les 35 heures !

Mais seulement pour les fonctionnaires (sauf, pour l’instant, les policiers, les juges et les militaires).

Et pour un temps de travail de 35 heures PAR AN, toujours payées 35 heures par semaine.

Une fois passées ces 35 heures par an, on leur interdirait d’exercer leurs fonctions. Ils pourraient alors se retrouver dans les bureaux, mais pour faire tout ce qui leur plairait d’autre.

Vous imaginez la formidable libération de la société et l’immense création de richesse qui se produirait si on interdisait d’agir à ceux « qui savent tout mieux que nous » ?

Qu’on les appelle « actifs », « pensionnés » ou « invalides», les fonctionnaires ne perdraient rien de leur pouvoir d’achat. Bien au contraire, forcés de faire autre chose, ils pourraient découvrir en eux des talents inconnus dont ils feraient profiter les autres. C’est comme ça qu’ils pourraient rejoindre le monde libre et noble de ceux qui créent la richesse.

Je crains, M. le Président, que cette lettre, si je lui conserve un caractère privé, ne vous parvienne jamais. C’est pour cette raison que M. Emile m’a conseillé de la rendre publique. Il m’a proposé de la diffuser par ce réseau internet à quoi je ne comprends pas grand-chose. Un des destinataires de cet envoi, me dit-il, se chargera peut-être de vous la remettre.

Dans cet espoir, je vous prie de croire, Monsieur le Président à mon profond et très respectueux attachement

Elodie Pontié

Employée de maison

Responsable UMP de Mugron

P.S. : au cas improbable où vous n’auriez pas encore lu « les Lunettes à Frédéric ou le Voyage au Bout de l’Etat », vous pouvez le faire commander par vos services sur le site de M. Emile : http://www.emilejappi.com

mercredi 19 septembre 2007

Vincent retrouve une photo prise à Fribourg de Torgic avec Hayek





A réception de la lettre du camarade Dardenne, j’alerte aussitôt Vincent qui me sort de son album une photo prise à Fribourg de son ami TORGIC en discussion avec Hayek (*). Avec quelques années et surtout …quelques kilos en moins, il n’y a pas de doute TORGIC et SORGIC ne font qu’un !

Brûlants d’impatience, Vincent de retrouver son ami et moi de connaître enfin celui qui joua un tel rôle dans l’évolution intellectuelle de mon beau-fils et donc, de la mienne, nous avons décidé de répondre à l’invitation du camarade DARDENNE et de prendre dès demain l’avion de Frankfort qui nous amènera ensuite à Bruxelles.






(*) Passage des « Lunettes à Frédéric » « …Au sommet du bonheur, réalisant d’un même coup ses deux passions, le football et la Yougoslavie, Vincent écrivait à sa mère chaque semaine. Ses lettres étaient remplies de l'admiration que lui inspirait un des joueurs de l'équipe avec lequel il s'était pris d'amitié, un certain Djuro Torgic. Ce Yougoslave malin passait de club en club : il affirmait n’être qu’un joueur médiocre mais parvenait à se vendre un peu plus cher à chaque transfert. Quand un entraîneur se rendait compte de la faute qu'il avait commise en ayant surpayé son acquisition, il se gardait bien d'avouer son erreur. Il vantait du mieux qu'il pouvait les performances de son poulain pour pouvoir le revendre sans perte et, si possible, avec un bénéfice. Un beau jour, considérant qu'il avait atteint les limites de ce petit jeu, Torgic décida de quitter la Yougoslavie et de tenter sa chance à l’Ouest. Muni d'un seul billet de train et d'une lettre de recommandation de l’entraîneur Bivic, il rejoignit Fribourg, célèbre mondialement par son université et, dans le milieu du sport, par sa toute jeune équipe de football : celle-ci venait de créer la surprise en parvenant en demi-finale d’une Coupe d'Europe.

Vincent suivit son ami dans sa nouvelle vie. À leur arrivée à Fribourg, les deux compères, recrutés l'un comme milieu de terrain, l'autre comme ailier, se mirent en recherche de "petits boulots" pour compléter leurs salaires de joueurs. Dans les annonces du journal local, le Freiburger Anzeiger, ils virent qu'un certain Friedrich von Hayek, professeur honoraire d'université et prix Nobel d'économie, cherchait un "chauffeur homme à tout faire".
Il le logerait dans une petite maison de gardien à l'entrée du parc de la propriété qu'il venait d'acquérir avec l'argent de son Prix Nobel. Torgic se présenta pour l'emploi et fut immédiatement agréé. Il était originaire de Prnjavor, petit village de Bosnie fondé au début du XIXème siècle par des militaires allemands de la Grande Armée. Ils
y avaient fait souche après la démobilisation des troupes du maréchal Marmont. Curieusement, plusieurs joueurs de l'équipe de Split provenaient de ce lieu. On les reconnaissait à la racine germanique de leur nom : Torgic (Tor), Bergic (Berg), Talic (Tal). On se débrouillait donc en allemand dans l'équipe et Torgic n'eut aucun mal à se faire comprendre par l'éminent professeur. Vincent, hébergé chez son ami, n'avait pas besoin d'argent. Son salaire de joueur, complété par la pension versée par sa mère, lui suffisait. Il se proposa à Hayek comme secrétaire à mi-temps. Comme seule rémunération, il demandait le droit de pouvoir puiser dans la bibliothèque du maître et de parler avec lui de ses lectures… »








j'ai retrouvé TORGIC... à Liège





Grâce à ma lettre à Michel Rocard, je viens de retrouver à Liège… TORGIC, le joueur de football yougoslave, disciple de Hayek, ami de Vincent (pages 69 et 70 des « Lunettes à Frédéric »(*))

Voilà cette histoire incroyable :

De Michel DARDENNE, ministre du Budget de Wallonie, avec qui, dans le passé, j’ai noué des rapports professionnels devenus par la suite amicaux, j’ai reçu hier, 19 septembre, le message suivant :

« Cher Emile,

Quel bonheur de retrouver ta trace ! Par le blog du PS Belge (http://www.pointblog.com/past/2007/03/25/belgique_le_blog_du_president_du_parti_socialiste.htm), j’ai pris connaissance de ta lettre à Michel ROCARD où tu le conjures de prendre la tête de cette « deuxième gauche libérale » pour laquelle je milite en vain en Belgique. Du coup, je me suis précipité sur tes « Lunettes à Frédéric ». Quelle n’a pas été ma surprise d’y découvrir sous le nom de TORGIC une des plus populaires figures de Liège : mon voisin et joyeux compagnon, Djuro SORGIC, célèbre pour sa Maison du Péket, institution incontournable de notre chère Wallonie. Nul n’ignore ici, son histoire : ancien joueur de football de l’équipe de Split, il s’y lia avec le beau-fils d’un ministre français (toi, en l’occurrence) puis quitta la Yougoslavie pour se mettre avec son ami au service de leur idole, l’économiste autrichien HAYEK. Tout cela, je l’ai retrouvé dans ton livre. Je t’envoie une photo de lui et de ses fils devant son établissement. Elle est parue récemment dans la presse à l’occasion de l’entrée de notre alcool de genièvre dans le « Petit Robert ».
Je pense que tu seras heureux de faire la connaissance de l’ami de ton beau-fils. Je t’invite à venir à Liège où, « chez Nanesse », le restaurant de Sorgic, nous pourrons fêter ces retrouvailles, les nôtres et les leurs, autour d’une bonne bouteille de Péket. J’inviterais aussi, si tu le veux bien, notre vieil ami commun, Michel Rocard, à qui tous nous devrons ce bon et beau moment.

A très bientôt


Michel »






jeudi 13 septembre 2007

lettre à Michel Rocard

Mon vieil ami, Michel Rocard, s'étant annoncé à la "Fête de la Liberté", je lui avais écrit de Canton pour l'en féliciter. Ma lettre devait lui être remise, accompagnée des"Lunettes à Frédéric". Ayant appris qu'il se désistait, j'ai décidé de la rendre publique.

Emile Jappi
368 Huanshi Dong Lu
Guangzhou, 510064
Chine

Canton, le 12/09/07

Cher Michel,

C’est avec beaucoup de bonheur que j’ai appris ta présence et ton intervention à la « Fête de la Liberté ». J’ai demandé à Jacques de Guénin, de te transmettre mon livre accompagné de cette lettre. Elle nous ramène 22 ans plus tôt quand Jimmy Goldsmith avait essayé en vain de nous convaincre que la droite en France, conservatrice, étatiste et nationaliste n’avait jamais eu de tradition libérale. Qu’en revanche, la « deuxième gauche », la « gauche française », celle que nous incarnions alors, toi plus que moi d’ailleurs, pouvait s’enraciner dans la grande et belle famille des Proudhon ou des Pierre Leroux.

Quant à moi, grâce aux « Lunettes à Frédéric » que je t’invite à découvrir à ton tour, j’ai pris conscience que le capitalisme et le libéralisme étaient faits pour les petits et les pauvres, ceux là même que nous pensions défendre avec notre politique.

Quand tu es riche tu peux vivre dans une société socialiste.

Tu peux payer deux fois :
- avec tes impôts, des hôpitaux où tu n’iras jamais te faire hospitaliser ; avec ton argent, l’Hôpital Américain à Neuilly,
- avec tes impôts, des écoles où tu n’enverras pas tes enfants ; avec ton argent, l’Ecole Alsacienne ou Saint Jean de Passy,
- avec tes impôts, des flics à ton affût, avenue d’Iéna, quand tu circuleras sans ceinture ; avec ton argent, des installations d’alarme et des vigiles privés pour assurer la sécurité de ta famille et de tes biens.

Mais quand tu n’as que le SMIC que feras tu des 1003 € que tu touches par mois, sans savoir :
- que tu en as gagné 1891 € et que les hommes de l’Etat, déguisés en employeur, te prennent chaque mois 888 €, sans que tu t’en aperçoives,
- que sur les 1003 € qu’ils te laissent, ils te soutireront à nouveau 250 €, sous forme de TVA, de taxes sur l’essence et le tabac et d’impôts locaux,
- que le taux de prélèvement auquel tu es soumis est de 60 %...
- que pour la seule assurance maladie tu payes 3360 € de primes annuelles à la Sécu, alors que ton collègue d’Annemasse, travailleur frontalier en Suisse, peut faire jouer la concurrence entre 2000 mutuelles et ne payer que le 1/3, soit environ 1000 €/an,
- que pour t’assurer pour la vieillesse, on te prends 4020 € de primes annuelles alors que l’on te prive du droit (réservé aux fonctionnaires et aux politiciens avec leur PREFONDS) de t’organiser tout seul en capitalisant tes économies. Placée au taux de 5%, une économie de 4020 €, elle-même en augmentation de 5% l’an, t’assurerait au bout de 40 ans un capital de 1 250 000 € ! Tu peux rêver !

Cher Michel, quand tu étais premier ministre et que je travaillais avec toi, nous avions réussi à limiter à 1 % le coup de pouce au SMIC annuel, alors que les syndicats réclamaient 1,5%. Au même moment, nous combattions avec CALVET contre les importations de voitures japonaises qui auraient entraîné une baisse de 20 000 FF du prix de la voitures de base, soit 40 fois cette hausse du SMIC qui nous avait été arrachée. Aujourd’hui, si le marché était libre, ces mêmes voitures se vendraient 2 000 €, soit 8 fois le gain annuel pour un salarié de la dernière hausse du SMIC.

Dès mon retour de Chine, mon cher Michel, je reprendrai contact avec toi. Je me réjouis d’avance de retrouver ta lumineuse intelligence désormais guidée par la pensée de ce Frédéric Bastiat que mon livre t’auras, j’en suis sûr, donné envie de découvrir.

Bien amicalement




Emile Jappi
Ancien Ministre
ENA Promotion Stendhal

dimanche 17 décembre 2006

Les "Lunettes à Frédéric" ou comment "voir ce qui ne se voit pas". Mode d'emploi. Par Emile JAPPI


Pour ceux qui m'auraient oublié, je vous transcris ma notice parue dans le Who's Who avant le scandale qui m'obligea à abandonner brutalement mon portefeuille de ministre des finances :


Who's Who

JAPPI (Emile, Marie), Inspecteur des finances,

né le 15 août 1939 à SARLAT (Dordogne).

Fils de Jules JAPPI, inspecteur des finances

et de Mme, née Marie de COURTEMONTE.

Divorcé de Melle Yvonne GALLEY (un enfant : Vincent).

Etudes : Lycée Henri IV et faculté de droit de PARIS.

Diplômes : licencié en droit, diplômé de

l'Institut d'Etudes Politiques de PARIS,

Carrière : élève à l'Ecole Nationale d'Administration

Inspecteur adjoint des finances,

Inspecteur des finances,

Directeur adjoint des finances extérieures,

Conseiller technique au Secrétariat Général

de la Présidence de la République, directeur du Trésor,

Secrétaire d'Etat au Budget,

Ministre de l'économie et des finances.

Décorations : chevalier de la Légion d'Honneur,

Officier de l'Ordre National du Mérite,

Membre du Groupe des Trente, du Siècle,

Président de l'Association des Amis de Georges CLEMENCEAU,

Oeuvres et travaux : A la Recherche d'une nécessaire planification libérale

Adresse : Logis de SENGRESSE MUGRON 40250


Note de l'Editeur,


De Chine, où il s’était retiré, Emile JAPPI, l’ancien ministre des Finances, m'adressa ce manuscrit en me demandant d'attendre un an pour le publier. Ce délai lui était nécessaire pour achever la fabrication à grande échelle des Lunettes à Frédéric. La publication de cet ouvrage marquera le point de départ de leur distribution sur le marché français.

PRELUDE Mardi noir à BERCY


CHAPITRE I Mes deux familles


CHAPITRE II Les crimes d’Emilio JAPPI


CHAPITRE III Vincent


CHAPITRE IV Les lunettes à Frédéric

CHAPITRE V Hypnose chez le professeur RAVANEL


CHAPITRE VI Epilogue




PRELUDE



Mardi noir à BERCY



Mardi 18 heures, dans mon bureau de ministre des Finances.

Je préparais mon intervention au Conseil des Ministres du lendemain quand Jean RENARD, mon chef de cabinet, entra décomposé dans mon bureau. Ses mains tremblaient. Il me tendait le numéro du Canard enchaîné du lendemain.

Un titre énorme en coupait la première page :

" Les finances de la République française aux mains du petit-fils du parrain sicilien, Emilio JAPPI! ".

Et en sous-titre :

"Information communiquée par les services spéciaux italiens à leurs homologues français"

L'article reprenait, en effet, une note confidentielle de la DIA, la police anti-mafia italienne, qu’accompagnait un organigramme des principales « famiglie » de la COSA NOSTRA sicilienne.

Après un long cheminement, les recherches initiées par le général Dalla Chiesa peu de temps avant son assassinat, étaient remontées aux trois principaux chefs historiques de la "pieuvre" : Vito GENOVESE, Giuseppe MASSERIA, Al Capone. Au dessus d'eux, dans l'ombre, véritable "parrain des parrains", Emilio JAPPI, mon grand-père.

Cette note attirait l'attention du gouvernement français sur la situation d'un de ses ministres et sur les risques de chantage qui pouvaient peser sur le titulaire d'un poste clé en matière financière et fiscale.

Le coup était terrible. Le document datait de plus de trois mois. Mon collègue, ministre de l'intérieur ne m'en n'avait rien dit. A l’évidence au courant, ni le premier ministre ni le Président de la République n'avaient cru bon de m'alerter ou de m'interroger. Dans leur esprit, j'aurais donc intentionnellement caché ce lien de parenté si proche. Cette volonté de secret de ma part ne justifiait-elle pas tous les soupçons ?

Je décidai de mettre fin immédiatement à ma carrière politique, une des plus brillantes et prometteuses de ma génération : Directeur du trésor à trente et un ans, Secrétaire général du gouvernement, à trente-cinq et Ministre des finances à trente-neuf.

Je rédigeai sur le champ ma lettre de démission. Puis, je convoquai les membres de mon cabinet et leur expliquai que pas plus que mon père, je n'avais jamais su qui était cet homme dont nous descendions et dont nous ignorions tout. Ensuite, avec mon directeur de cabinet, je rédigeai les consignes pour mon successeur et préparai des sorties honorables pour mes proches collaborateurs.

Mercredi 10 heures, Conseil des ministres.

Atmosphère lourde.

Alors que l'article du Canard enchaîné devait occuper tous les esprits, aucune allusion n'y fut faite. J'attendis la fin de la réunion pour demander au Président de la République l'autorisation de prendre la parole. En quelques mots, je mentionnai l'article, rappelai le destin de mon père, tué dans les corps francs en juin 1940 et celui de ma mère, morte, mitraillée par un avion allemand au retour de l'identification du corps de son mari. Orphelin de moins d'un an, j'avais été élevé par ma famille maternelle. Jamais l'on n'avait évoqué devant moi la figure de mon grand-père paternel, ni dans ma famille, ni dans mon entourage, ni dans mon environnement professionnel. J'ajoutai avoir été meurtri plus que tout par le fait qu’aucune des personnes au courant ne m'avait alerté. J'achevai mon intervention par la remise de ma lettre de démission au Président de la République. J'informai le Conseil que je me retirais à la campagne pour y réfléchir en paix. J'assurai que je me tenais à la disposition de toute autorité judiciaire ou administrative souhaitant m'interroger. Puis je me levai, saluai le chef de l'État d'une brève inclination de la tête et m'en allai sans que rien, ni mot ni geste, ne vienne troubler le silence pesant de cet adieu.

Mercredi après midi : départ pour ma maison de campagne dans les Landes

Entre l‘Elysée et le petit village de MUGRON où, peu de temps auparavant j’avais acheté le logis de SENGRESSE, trou noir.

Taxi, aéroport, avion, voiture de location ; mon cerveau avait sombré dans le brouillard. Seuls défilaient, en boucle obsédante, les souvenirs de mon enfance chez les JAPPI et les COURTEMONTE. Hélas, de ma mémoire torturée, n’émergeait nulle trace de mon grand-père.