mercredi 19 septembre 2007

Vincent retrouve une photo prise à Fribourg de Torgic avec Hayek





A réception de la lettre du camarade Dardenne, j’alerte aussitôt Vincent qui me sort de son album une photo prise à Fribourg de son ami TORGIC en discussion avec Hayek (*). Avec quelques années et surtout …quelques kilos en moins, il n’y a pas de doute TORGIC et SORGIC ne font qu’un !

Brûlants d’impatience, Vincent de retrouver son ami et moi de connaître enfin celui qui joua un tel rôle dans l’évolution intellectuelle de mon beau-fils et donc, de la mienne, nous avons décidé de répondre à l’invitation du camarade DARDENNE et de prendre dès demain l’avion de Frankfort qui nous amènera ensuite à Bruxelles.






(*) Passage des « Lunettes à Frédéric » « …Au sommet du bonheur, réalisant d’un même coup ses deux passions, le football et la Yougoslavie, Vincent écrivait à sa mère chaque semaine. Ses lettres étaient remplies de l'admiration que lui inspirait un des joueurs de l'équipe avec lequel il s'était pris d'amitié, un certain Djuro Torgic. Ce Yougoslave malin passait de club en club : il affirmait n’être qu’un joueur médiocre mais parvenait à se vendre un peu plus cher à chaque transfert. Quand un entraîneur se rendait compte de la faute qu'il avait commise en ayant surpayé son acquisition, il se gardait bien d'avouer son erreur. Il vantait du mieux qu'il pouvait les performances de son poulain pour pouvoir le revendre sans perte et, si possible, avec un bénéfice. Un beau jour, considérant qu'il avait atteint les limites de ce petit jeu, Torgic décida de quitter la Yougoslavie et de tenter sa chance à l’Ouest. Muni d'un seul billet de train et d'une lettre de recommandation de l’entraîneur Bivic, il rejoignit Fribourg, célèbre mondialement par son université et, dans le milieu du sport, par sa toute jeune équipe de football : celle-ci venait de créer la surprise en parvenant en demi-finale d’une Coupe d'Europe.

Vincent suivit son ami dans sa nouvelle vie. À leur arrivée à Fribourg, les deux compères, recrutés l'un comme milieu de terrain, l'autre comme ailier, se mirent en recherche de "petits boulots" pour compléter leurs salaires de joueurs. Dans les annonces du journal local, le Freiburger Anzeiger, ils virent qu'un certain Friedrich von Hayek, professeur honoraire d'université et prix Nobel d'économie, cherchait un "chauffeur homme à tout faire".
Il le logerait dans une petite maison de gardien à l'entrée du parc de la propriété qu'il venait d'acquérir avec l'argent de son Prix Nobel. Torgic se présenta pour l'emploi et fut immédiatement agréé. Il était originaire de Prnjavor, petit village de Bosnie fondé au début du XIXème siècle par des militaires allemands de la Grande Armée. Ils
y avaient fait souche après la démobilisation des troupes du maréchal Marmont. Curieusement, plusieurs joueurs de l'équipe de Split provenaient de ce lieu. On les reconnaissait à la racine germanique de leur nom : Torgic (Tor), Bergic (Berg), Talic (Tal). On se débrouillait donc en allemand dans l'équipe et Torgic n'eut aucun mal à se faire comprendre par l'éminent professeur. Vincent, hébergé chez son ami, n'avait pas besoin d'argent. Son salaire de joueur, complété par la pension versée par sa mère, lui suffisait. Il se proposa à Hayek comme secrétaire à mi-temps. Comme seule rémunération, il demandait le droit de pouvoir puiser dans la bibliothèque du maître et de parler avec lui de ses lectures… »








j'ai retrouvé TORGIC... à Liège





Grâce à ma lettre à Michel Rocard, je viens de retrouver à Liège… TORGIC, le joueur de football yougoslave, disciple de Hayek, ami de Vincent (pages 69 et 70 des « Lunettes à Frédéric »(*))

Voilà cette histoire incroyable :

De Michel DARDENNE, ministre du Budget de Wallonie, avec qui, dans le passé, j’ai noué des rapports professionnels devenus par la suite amicaux, j’ai reçu hier, 19 septembre, le message suivant :

« Cher Emile,

Quel bonheur de retrouver ta trace ! Par le blog du PS Belge (http://www.pointblog.com/past/2007/03/25/belgique_le_blog_du_president_du_parti_socialiste.htm), j’ai pris connaissance de ta lettre à Michel ROCARD où tu le conjures de prendre la tête de cette « deuxième gauche libérale » pour laquelle je milite en vain en Belgique. Du coup, je me suis précipité sur tes « Lunettes à Frédéric ». Quelle n’a pas été ma surprise d’y découvrir sous le nom de TORGIC une des plus populaires figures de Liège : mon voisin et joyeux compagnon, Djuro SORGIC, célèbre pour sa Maison du Péket, institution incontournable de notre chère Wallonie. Nul n’ignore ici, son histoire : ancien joueur de football de l’équipe de Split, il s’y lia avec le beau-fils d’un ministre français (toi, en l’occurrence) puis quitta la Yougoslavie pour se mettre avec son ami au service de leur idole, l’économiste autrichien HAYEK. Tout cela, je l’ai retrouvé dans ton livre. Je t’envoie une photo de lui et de ses fils devant son établissement. Elle est parue récemment dans la presse à l’occasion de l’entrée de notre alcool de genièvre dans le « Petit Robert ».
Je pense que tu seras heureux de faire la connaissance de l’ami de ton beau-fils. Je t’invite à venir à Liège où, « chez Nanesse », le restaurant de Sorgic, nous pourrons fêter ces retrouvailles, les nôtres et les leurs, autour d’une bonne bouteille de Péket. J’inviterais aussi, si tu le veux bien, notre vieil ami commun, Michel Rocard, à qui tous nous devrons ce bon et beau moment.

A très bientôt


Michel »






jeudi 13 septembre 2007

lettre à Michel Rocard

Mon vieil ami, Michel Rocard, s'étant annoncé à la "Fête de la Liberté", je lui avais écrit de Canton pour l'en féliciter. Ma lettre devait lui être remise, accompagnée des"Lunettes à Frédéric". Ayant appris qu'il se désistait, j'ai décidé de la rendre publique.

Emile Jappi
368 Huanshi Dong Lu
Guangzhou, 510064
Chine

Canton, le 12/09/07

Cher Michel,

C’est avec beaucoup de bonheur que j’ai appris ta présence et ton intervention à la « Fête de la Liberté ». J’ai demandé à Jacques de Guénin, de te transmettre mon livre accompagné de cette lettre. Elle nous ramène 22 ans plus tôt quand Jimmy Goldsmith avait essayé en vain de nous convaincre que la droite en France, conservatrice, étatiste et nationaliste n’avait jamais eu de tradition libérale. Qu’en revanche, la « deuxième gauche », la « gauche française », celle que nous incarnions alors, toi plus que moi d’ailleurs, pouvait s’enraciner dans la grande et belle famille des Proudhon ou des Pierre Leroux.

Quant à moi, grâce aux « Lunettes à Frédéric » que je t’invite à découvrir à ton tour, j’ai pris conscience que le capitalisme et le libéralisme étaient faits pour les petits et les pauvres, ceux là même que nous pensions défendre avec notre politique.

Quand tu es riche tu peux vivre dans une société socialiste.

Tu peux payer deux fois :
- avec tes impôts, des hôpitaux où tu n’iras jamais te faire hospitaliser ; avec ton argent, l’Hôpital Américain à Neuilly,
- avec tes impôts, des écoles où tu n’enverras pas tes enfants ; avec ton argent, l’Ecole Alsacienne ou Saint Jean de Passy,
- avec tes impôts, des flics à ton affût, avenue d’Iéna, quand tu circuleras sans ceinture ; avec ton argent, des installations d’alarme et des vigiles privés pour assurer la sécurité de ta famille et de tes biens.

Mais quand tu n’as que le SMIC que feras tu des 1003 € que tu touches par mois, sans savoir :
- que tu en as gagné 1891 € et que les hommes de l’Etat, déguisés en employeur, te prennent chaque mois 888 €, sans que tu t’en aperçoives,
- que sur les 1003 € qu’ils te laissent, ils te soutireront à nouveau 250 €, sous forme de TVA, de taxes sur l’essence et le tabac et d’impôts locaux,
- que le taux de prélèvement auquel tu es soumis est de 60 %...
- que pour la seule assurance maladie tu payes 3360 € de primes annuelles à la Sécu, alors que ton collègue d’Annemasse, travailleur frontalier en Suisse, peut faire jouer la concurrence entre 2000 mutuelles et ne payer que le 1/3, soit environ 1000 €/an,
- que pour t’assurer pour la vieillesse, on te prends 4020 € de primes annuelles alors que l’on te prive du droit (réservé aux fonctionnaires et aux politiciens avec leur PREFONDS) de t’organiser tout seul en capitalisant tes économies. Placée au taux de 5%, une économie de 4020 €, elle-même en augmentation de 5% l’an, t’assurerait au bout de 40 ans un capital de 1 250 000 € ! Tu peux rêver !

Cher Michel, quand tu étais premier ministre et que je travaillais avec toi, nous avions réussi à limiter à 1 % le coup de pouce au SMIC annuel, alors que les syndicats réclamaient 1,5%. Au même moment, nous combattions avec CALVET contre les importations de voitures japonaises qui auraient entraîné une baisse de 20 000 FF du prix de la voitures de base, soit 40 fois cette hausse du SMIC qui nous avait été arrachée. Aujourd’hui, si le marché était libre, ces mêmes voitures se vendraient 2 000 €, soit 8 fois le gain annuel pour un salarié de la dernière hausse du SMIC.

Dès mon retour de Chine, mon cher Michel, je reprendrai contact avec toi. Je me réjouis d’avance de retrouver ta lumineuse intelligence désormais guidée par la pensée de ce Frédéric Bastiat que mon livre t’auras, j’en suis sûr, donné envie de découvrir.

Bien amicalement




Emile Jappi
Ancien Ministre
ENA Promotion Stendhal